Bienvenue à la liste des cinq livres préférés de la Dre Angela !
Vous trouverez ci-dessous une liste, sans ordre particulier, de mes histoires littéraires anglaises préférées, et les raisons pour lesquelles je les ai choisis. Cet ensemble d’œuvres est non seulement fascinant d’un point de vue littéraire, mais aussi époustouflant lorsqu’il est examiné d’un point de vue psychologique.
Oedipus the King (Oedipus Rex)
Par : Sophocle
Oedipus the King est une tragédie classique de la Grèce antique, dans laquelle une prophétie prédit qu'Œdipe tuera son père et épousera sa mère. Pour prévenir la prophétie, bébé Œdipe est laissé pour mourir, mais survit et retourne à Thèbes à l'âge adulte pour résoudre l'énigme du Sphynx, tuant son père en chemin et gagnant le droit d'épouser la reine, sa mère.
Ce n'est pas pour rien que le thème de cette pièce est à la base de la théorie psychanalytique de Freud qui caractérise la relation inconsciente entre un fils et sa mère. Le complexe d'Œdipe est le désir inconscient d'un garçon de tuer son père afin de conquérir sa mère. La théorie freudienne n'a pas été appuyée par la recherche scientifique en tant que processus de développement fondamental chez les jeunes garçons. Cependant, la théorie met en évidence la manière dont cette pièce traite les enjeux psychologiques complexes, comme le font de nombreuses pièces de théâtre de l’antiquité. Les parents d'Œdipe ont agi par peur. Il n’a donc pas connu leur identité. Par leurs actions, ils ont déclenché par inadvertance les événements qui ont mené à l’accomplissement de la prophétie. La prophétie se serait-elle réalisée s’ils l’avaient élevé et aimé comme les parents le devraient ?
Les pratiques et les lois en matière d'adoption, bien que variables selon les pays et ont évolué au fil des années, sont restées longtemps fermées et ont laissé de nombreux enfants sans accès aux informations concernant leurs parents biologiques. Cela rend la possibilité d’être marié à ses parents ou à ses frères et sœurs sans le savoir ! Quand Œdipe a découvert la vérité, il s’est aveuglé. Il a peut-être réagi de manière excessive – pour ajouter un effet dramatique comme le veulent les tragédies grecques – mais quand on y pense réellement, peut-on lui en vouloir ? Imaginez-vous, fonder une famille avec quelqu’un, pour découvrir des années plus tard que vous êtes marié à votre père ou à votre mère !
Cette pièce est une lecture recommandée à tous, mais particulièrement aux législateurs en matière d'adoption et aux parents d'enfants adoptés. Il y a deux mille cinq cents ans, Sophocle nous a mis en garde contre les risques d’être aveugle à la vérité (jeu de mots !).
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Antigone
Par : Sophocle
Antigone est une autre tragédie grecque antique écrite par Sophocle. Chronologiquement, cette pièce ait lieu après les événements dans Oedipus the King.
Antigone, l'héroïne de cette pièce, est la fille incestueuse d’Œdipe et de sa mère Jocaste. Dans cette pièce, le roi Créon, frère de Jocaste, interdit le deuil public de Polynice, l’un des frères d'Antigone, décédé en faisant la guerre à Thèbes. Antigone défie la décision du roi et enterre son frère sachant que les conséquences de ses actes seraient la mort. Lorsqu'elle est amenée devant le roi, elle ne le nie pas et affirme plutôt que la loi divine prime sur la loi humaine et s'en tient à sa décision.
Cette pièce est tragique parce que la protagoniste est condamnée à mort pour avoir fait ce qui était juste et nous confronte au fait que de nombreuses personnes à travers l'histoire ont été crucifiées simplement parce qu'elles étaient en désaccord avec une autorité plus puissante. C’est également une tragédie dévastatrice parce qu’elle illustre le sort des femmes, en particulier des jeunes femmes, qui choisissent d’exprimer leur opinion et de défendre ce en quoi elles croient ; un sort qui est depuis longtemps une réalité pour les femmes dans de nombreuses régions du monde.
Antigone est une pièce avant-gardiste. Sophocle aimait pousser les limites et faire en sorte que le public se sente en dissonance avec ses propres émotions et croyances. Pouvez-vous imaginer à quel point le public a dû être offusqué, lorsque la pièce a été jouée pour la première fois, de voir une jeune femme désobéir, non seulement un homme plus âgé qu'elle, mais le roi ? Pourtant, en même temps, ils ont dû avoir le cœur brisé en regardant une jeune fille charmante et attachante punie pour avoir posé un geste non seulement attendu des dieux, mais fondamentalement humain.
Cette pièce est également puissante car elle traite du suicide de manière très directe. Le roi Créon condamne Antigone à être enterrée vivante pour ses crimes contre Thèbes. Alors qu'il regrettait son décret, il se précipita pour la libérer de son tombeau, mais découvre qu'elle s'était pendue. Sa mort et la façon dont elle a péri étant trop difficiles à supporter, ont entraîné la mort d'autres personnages importants de la pièce.
Sophocle a réussi à susciter des émotions paradoxales chez le public (ou les lecteurs). Antigone est à la fois belle et horrible. Elle vous fera sentir à la fois inspiré et désemparé. Bonne lecture !
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Medea
Par : Euripide
À mon avis, Medea est de loin la plus tragique des pièces de la Grèce antique. Dans cette pièce, le mari de Médée, Jason, l'abandonne pour la fille du roi Créon. Elle assassine la princesse et est bannie de la ville. Elle finit par tuer ses enfants. Il n’y a rien de plus contre-nature au monde qu’une mère qui assassine ses enfants. Les femmes en conflit avec la dépression post-partum envisagent parfois le filicide, et certaines le commettent, mais Médée a été décrite comme une bonne mère envers ses enfants qui étaient bien au-delà du stade nouveau-né où se produit habituellement le filicide post-partum. Cela rend ses actes d’autant plus dérangeants et perturbants.
Il est tout à fait approprié d’examiner cette pièce à travers des lentilles psychologiques, car le personnage a eu une marque significative dans l’histoire et a même trouvé sa place dans les premières théories psychanalytiques du développement. Carl Jung, psychiatre et fondateur de la psychologie analytique, a parlé du complexe de Médée : une relation perturbée entre une mère et son enfant avec des aspects destructeurs, comme le souhait d'une mère de tuer ses enfants pour se venger contre leur père. C'est un thème central de la mère terrible décrite par Jung.
Dans cette pièce, Euripide confronte le public (ou le lecteur) à se demander pourquoi quelqu'un commettrait un meurtre. Dans quelles circonstances un comportement aussi atroce pourrait-il se produire ? Médée lutte contre de fortes émotions de colère et de jalousie et lutte contre l'idée de tuer ses enfants. Dans la littérature, l'état mental et les actions de Médée ont été débattus depuis la première représentation de la pièce. Elle a souvent été décrite comme envahie par la folie. Il est logique de supposer qu’elle n’était pas saine. Quelle mère à l'esprit stable assassine ses enfants ? Mais était-elle malade ? Aux yeux de la loi, non. Elle savait que ses actions étaient mauvaises. Elle a agi par vengeance pour punir Jason. La vengeance ultime réside dans sa décision de lui permettre de vivre, afin qu'il puisse souffrir de la perte de ses enfants. Il est intéressant de noter que certains savants ont interprété ses actions comme des actes de pitié ; sauvant ses enfants d'une vie de misère et de douleur causées par l'ostracisme et le fait de n'avoir nulle part où aller, rien à manger et aucun soutien financier pour survivre et prospérer.
D'un point de vue psychologique, je crois qu'elle peut être mieux comprise comme une personne souffrant d'un trouble de la personnalité limite, narcissique et antisociale, avec une tendance sous-jacente au sadisme (illustré par l'idée qu’elle ressentait plus de plaisir par la souffrance de Jason que de remords d'avoir blessé ses enfants). Même du point de vue qu'elle a agi par pitié – en tant qu'« ange de miséricorde » – nous revenons toujours aux traits narcissiques et au sadisme. Ajoutez à cela une dépression majeure, qui altère généralement le bon jugement de quelqu'un, et nous obtenons Médée.
Ce qui est encore plus troublant dans cette pièce, c'est que même si les humains ont évolué au cours des deux mille cinq cents dernières années, nous n'avons en réalité pas changé du tout. Comme l’écrivait Jean-Baptiste Alphonse Karr en 1849, « plus ça change, plus c’est la même chose ». Le filicide d'une mère était un phénomène rare et il provoquait de puissantes réactions aversives chez les autres à l'époque et c'est encore le cas aujourd'hui. De la même manière, l’état mental des femmes qui commettent le filicide était alors débattu, tout comme il l’est aujourd’hui. Comme cette pièce l’a montré, cette question continuera probablement à faire l’objet d’un débat à l’avenir.
Qu'en pensez-vous : Médée était-elle malade, méchante ou miséricordieuse ?
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Macbeth
Par : William Shakespeare
Le nom du célèbre dramaturge William Shakespeare est sans aucun doute synonyme de la littérature anglaise sophistiquée. Même si les avis diffèrent selon les spécialistes, Macbeth est, à mon avis, la meilleure tragédie de Shakespeare.
Macbeth est encouragé par sa femme, Lady Macbeth, à tuer le roi afin de devenir roi lui-même, après que trois sorcières lui ont dit qu'il serait roi. Devient-il roi, parce que c'était son destin tel que prévu par les sorcières, ou crée-t-il son destin, parce qu'il s'est comporté d'une manière influencée par ce que les sorcières lui ont dit ? Serait-il devenu roi s'il ne leur avait jamais parlé ? Est-ce une prophétie ou une prophétie auto-réalisatrice ?
Motivé par la cupidité, le pouvoir et une épouse aux valeurs douteuses, Macbeth a créé un environnement qui a engendré la paranoïa et a finalement contribué à sa propre destruction.
Il est intéressant de noter que Shakespeare n’hésite pas à présenter un personnage féminin fort. L'ambition personnelle de Lady Macbeth de devenir reine fait d'elle un puissant moteur du régicide commit par Macbeth. Elle l’a manipulé activement mais subtilement pour qu’il exécute ses ordres. Elle finit cependant envahie par la culpabilité et se suicide en dehors de la scène.
Les sorcières, les prophéties et un besoin insatiable d’acquérir le pouvoir sont les ingrédients parfaits pour l’ascension et la chute de personnages formidables mais imparfaits. Cette recette a été perfectionnée par Shakespeare dans Macbeth. Elle a cependant été reproduite d'innombrables fois par d'autres grands écrivains et conteurs, tel que dans le portrait de Daenerys Targaryen créé par George RR Martin dans Song of Ice and Fire.
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As You Like It
Par : William Shakespeare
As You Like It est la seule comédie sur cette liste. Les tragédies et la misère humaine ont tendance à laisser des impressions plus durables sur les gens (comme vu ci-dessus) que les impressions drôles et légères, en raison des émotions qu'elles évoquent en nous. Cependant, la profondeur et la complexité des personnages de cette pièce, ainsi que les conversations magistrales créées par Shakespeare en font une histoire mémorable et percutante qui a résisté à l'épreuve du temps.
Dans cette pièce, le personnage principal Rosalind se déguise en garçon, Ganymède, pour se cacher dans la forêt après avoir été bannie. C'est un jeu volontairement ludique de la part de Shakespeare à deux niveaux principaux. Premièrement, cela illustre la disparité des rôles entre les sexes, qui, bien que plus flagrante à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle, résonne encore aujourd’hui. Shakespeare a fait allusion de manière subtile mais amusante à cette divergence dans le fait qu'à l'époque où la pièce a été écrite, seuls les hommes pouvaient travailler comme acteurs. Ainsi, le personnage de Rosalind était joué par un homme habillé en fille, habillé en garçon. Bien que la conversation sur les rôles de genre et l'expression de genre ait changé au fil des ans, As You Like It a mis en lumière que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent et sont beaucoup plus compliquées que ce que l'on voit.
Deuxièmement, cela illustre de manière frappante la capacité d’une personne à transformer son comportement lorsqu’elle est placée dans différentes situations. Nous ne nous comportons pas de la même manière en tant que paroissien que lors d’un concert de musique. Nos comportement diffèrent à la maison qu’en public. Nous nous comportons différemment dans notre rôle de conjoint que dans notre rôle de collègue ou d’ami. Le monologue « The Seven Ages of Man », l'un des plus célèbres de Shakespeare, résume toutes les interactions sociales. En fait, j'ai cité le passage suivant dans ma thèse de doctorat en psychologie sur les pattern de comportement interpersonnel : « All the world's a stage, And all the men and women merely players; They have their exits and their entrances, And one man in his time plays many parts […] » Nous sommes essentiellement tous acteurs dans nos propres pièces, nous portons différents costumes (visages, masques, chapeaux, chaussures) pour incarner nos différents rôles sociaux. Qui sommes-nous vraiment lorsque les costumes se détachent et que nous nous retrouvons seuls avec nous-mêmes ?
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